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Brochure : Quel Travail Social ?

Nous scandons en manif que “Le travail social n’est pas à vendre”. Retrouvez notre brochure, fruit de notre réflexion constructive et contenant nos propositions radicales précisant notre vision du Travail Social.


Sommaire

  1. Entre Travail social et Intervention sociale
  2. Les mots du néo-libéralisme utilisés dans le secteur social
  3. La critique de la loi 2002-2
  4. Les écoles de formation et la qualification
  5. Nécessité d’un projet global en matière d’action sociale rompant avec la logique de marché
  6. Un droit opposable adapté au travail social
  7. Droit aux papiers, droit au logement, droit à la santé et droit au travail pour toutes et tous !
  8. La défense de l’interculturalité comme réponse possible aux tensions existantes dans les structures du secteur social
  9. La défense de la qualification pour les professionnel-les du social ainsi que des embauches supplémentaires
  10. Le recours à l’aspect militant dans le travail social
  11. Sécuriser le travail, l’emploi des travailleurs sociaux
  12. Les conséquences des deux décentralisations
  13. Les Etats-Généraux du social

Introduction

Pour comprendre la situation actuelle dans le secteur social comme pour les autres secteurs de la société, il faut remonter au changement de paradigme du début des années 70 et la remise en cause du pouvoir de régulation des Etats au profit du développement de la financiarisation de l’économie.

Après le choc pétrolier de 1973, se développe une crise économique majeure entraînant des taux de chômage de plus en plus fort dans une grande partie des pays industrialisés. Cette crise servira d’alibi aux partisans de la dérégulation des marchés, avec d’une part des économies drastiques à faire au niveau des Etats et d’autre part des profits maxima pour les grandes entreprises privées.
Petit à petit se construira la « fabrique » du sujet néo-libéral, avec la mise en place de la concurrence entre individus, dans les entreprises et dans les confrontations inter-entreprises, le glissement entre l’évaluation des effets de l’action et la mesure de la performance des acteurs, l’encouragement à l’endettement privé et l’incitation à se transformer en capital humain.

Cependant il faudra attendre 1992  et la disparition des Etats post-staliniens à l’Est, puis l’acceptation du traité de Maastricht en Europe pour que l’on puisse parler à l’échelle internationale de mondialisation néolibérale.
Maastricht marque ainsi la création des critères de convergence européens et particulièrement par la suite, la mise en place des normes ISO (Organisation des Standards Internationaux) applicables dans tous les secteurs de la société.
La perspective dominante sera donc désormais la RCB (Rationalisation des choix budgétaires). Ces critères de standardisation associés à la logique de compétence vont ainsi être appliqués sur le même modèle, en commençant par le secteur industriel, puis aux autres secteurs, dont notamment le secteur hospitalier, avant d’arriver au secteur social.

Comme l’expliquait très bien Pierre Bourdieu, c’est l’étape de 1992 qui va entériner la rupture définitive avec le concept d’Etat-social, commencée déjà en 1973.

Les Etats vont de plus en plus s’aligner sur une politique néolibérale, privilégiant la main « droite » de l’Etat (Budget, Economie, Intérieur, Armée et Affaires Etrangères) au détriment de la main « gauche » (Education, Santé, Social, Culture et Recherche).

La création de l’OMC (Organisation Mondiale du Commerce) en 1994 permettra une vision globale des échanges commerciaux avec comme perspective l’AGCS (Accord Général sur les Commerces et les Services) dont la finalité est la marchandisation des biens et services communs, comme le travail sanitaire et social.
En effet l’application de cet accord incite à rendre tous les services et tous les secteurs concurrentiels (publics comme privés). La conséquence directe, même s’il y a eu des réécritures ultérieures, notamment dans le traité de Lisbonne, est que la logique de compétitivité transforme les orientations des différents secteurs dans le sens d’une plus grande rentabilité.

Cependant les changements importants pour ce secteur ont commencé avec l’alignement dès 1984, du gouvernement de François Mitterrand sur une politique qui sera qualifiée plus tard d’embryon de social-libéralisme alors que les instances officielles du PS continueront de parler de social-démocratie.

La mise en place de la Politique de la ville associée à la décentralisation permettra le développement de la logique de l’intervention sociale. Cette logique sera appliquée aussi de plus en plus à partir de 1988 dans le secteur de l’insertion.

Puis avec l’application de la loi 2002-2, tous les secteurs du social seront concernés.
Dans ce contexte, des résistances s’organisent, des collectifs se mettent en place, mais une grande partie des salarié-e-s reste plutôt dans une attitude de résignation. Les militant-e-s SUD du secteur médico-social et social ont une réflexion constructive et des propositions radicales à défendre. La plaquette « Quel Travail Social ? » doit être un outil dans ce sens.

La crise financière et économique de 2008 montre les impasses du capitalisme néolibéral. C’est aux travailleurs sociaux militants d’argumenter des propos et de développer des luttes pour inverser la tendance dominante en lien avec les autres secteurs de la société. Les services publics de Santé, d’Action Sociale et de Protection Sociale sont en ligne de mire de plusieurs nouveaux traités qui ont vocation à développer un commerce mondial juteux. C’est cette même logique qui traverse le projet de Traité Transatlantique (TAFTA) entre les États-Unis et l’Union européenne, le CETA entre le Canada et l’Union Européenne et l’Accord sur le commerce des services (ACS, TISA en anglais), frère jumeau de l’AGCS (Accord Général sur le Commerce et les services) négocié secrètement.